dimanche 16 janvier 2011

Rencontre du troisième type.

Samedi 15 janvier, Paris, Métro 9, 23h30.

Toi, pauvre petit banlieusard ou provincial qui a toujours rêvé de savoir en vrai ce qu'était la jeunesse dorée parisienne, dont les journaux nous rabattent les oreilles, bénit moi. Oui, bénit moi, car, fort de mon expérience toute fraîche, je m'en vais t'expliquer concrètement ce que c'est.

Déjà, la jeunesse dorée parisienne, tu la sens arriver avant de la voir. Quand les portes du métro s'ouvrent et que, d'un coup, la rame est envahie d'une odeur intenable de patchouli, tu peux être quasi-certain, sans même te retourner, que tu vas être confronté à un troupeau de putàfranges maquillées au Kärcher et gloussonnantes.

Quand en plus ca t'arrive un samedi soir tard, tu peux être positivement convaincu qu'elles s'en vont en boîte.

BINGO!

Me voilà donc encadré de Putàfrange n°1, n°2, n°3 et n°4, sans possibilité aucune de m'évader.
Dans ces cas-là, la sérénitude la plus totale est requise.
Ca tombe bien, je sors justement du Parc des princes, dans lequel j'ai été parqué pendant plus de 2h comme du bétail, à regarder mon équipe se faire battre mièvrement par le PeuSeuGeu et à me geler les noix. Et sur le chemin du retour, je viens d'apprendre que Duris allait se commettre au théâtre. Alleluia!

Toutes les conditions sont donc réunies pour qu'on assiste à un accident industriel de type Tchernobil. De quoi faire passer Bagdad et Sarajevo (à la belle époque!) pour des villages vacances réservés aux retraités de la fonction publique.

Et bien non.
Comme cela m'arrive parfois, je choisis alors de me plonger dans un océan de calme et de quiétude intérieure et j'en profite pour écouter d'une oreille distraite et observer ce merveilleux panel représentatif que la divine Providence a placé sur mon chemin à des fins d'étude sociologique, dont les résultats sont:

1. Quand la jeunesse dorée parisienne s'en va en boîte, afin de se préparer au mieux, elle voyage avec des petites bouteilles de cocktails alcoolisés. De visu cela donne, pour une bouteille de 50cl: 3cl de Passoa et 47cl de jus d'ananas. Ce qui permet à Putàfrange n°2 de s'exclamer "Rah, ca fait du bien de se retourner la tête!".

2. Quand la jeunesse dorée parisienne sort, elle n'hésite pas à montrer qu'elle a les moyens. Ainsi donc, on affiche généreusement ce qui coûte cher, c'est à dire en premier lieu, mesdames vous le savez mieux que moi, le maquillage. De visu toujours, ca nous donne une proportion d'environ 5% peau pour 95% fond de teint. Ce qui donne l'occasion à Putàfrange n°1 (ma préférée) de dire d'un air inquiet (note de l'auteur: pour donner la réplique qui suit, il conviendra d'adopter un ton exagéré, volontairement outrancier): "Ohlala, c'est juste pas possible! Dès qu'on arrive, il FAUT que je me remaquille!".

3. La jeunesse dorée parisienne de type masculin (à laquelle je n'ai pas été directement confronté, mais dont j'ai eu l'occasion d'entendre parler par mon troupeau) s'appelle de préférence William, Dylan ou Paul-Antoine.

4. Là où, de mon temps et dans ma campagne pourrie, on disait qu'on allait faire la fête ou qu'on allait en soirée, la jeunesse dorée parisienne, elle, parle d'organiser un "évènement". Et attention, si celui-ci est vraiment hyper top-de-la-mort-qui-tue-sa-grand-mère-la-chauve, on parle alors d' "event"! Dans le même ordre d'idée, on dira "next week" et non pas le trop populaire et sent-la-pisse "semaine prochaine".

5. La jeunesse dorée  parisienne prend un malin plaisir à s'humilier entre elle. Bizarrement, dans le cas présent, ca tombe sur la plus normale et mignonne du lot (Putàfrange n°3).
-n°1: "Han, mais il est trop mignon ton gilet, tu l'as acheté où?
-n°3: Merci! Chez Pimkie.
-n°1: ... ?
-n°2: Nan mais tu sais bien qu'elle se débrouille pour être stylée pas cher!
-n°1: Ah...ouais, remarque, pas cher, c'est pas mal parfois."

6. La jeunesse dorée parisienne sort en boîte à moitié à poil. Et là, forcément, avant de descendre, c'est plus fort que moi, il faut que je participe!
-Nico (à Putàfrange n°1): "Vous ferez gaffe, z'avez un sein qu'a entamé sa salutation au soleil.
-n°1 (sans replacer le-dit mamelon): Oups! C'est parce qu'on va en boîte!
-Nico: Noooooon?! Vous allez en boîte! En tout cas, vous avez trouvé LA technique pour être sûre d'entrer!
-n°4: T'façon, on rentre tout le temps où on veut, quand on veut!
-Nico: Ah bah j'pense bien, ca m'a l'air infaillible votre méthode là!
-n°4 (regard de bulot atrophié): ...
-n°1: Vous voulez venir avec nous? On vous fait rentrer à l'oeil!
-Nico: Au sein plutôt!
-n°4 (même jeu que précédemment): ...
-Nico: Non, c'est vraiment dommage, j'suis attendu et la personne est plutôt jalouse!
-n°2 (avec l'air d'avoir trouvé le vaccin contre le SIDA): Ah vous êtes en couple, vous êtes pas seul!
-n°1 (regard mi aviné-mi vitreux-mi-molette-mi-aguicheur): Ca nous dérange pas, heiiiiiin!
-Nico: Non, j'suis pas en couple. Notez que j'aimerais bien, mais que voulez-vous, la vie est mal faite! Non, c'est mon lapin-nain, il aime pas quand je rentre trop tard. (à n°3): Bonne soirée et...bon courage!
-n°1: Hiiiiiii, il est drôle en plus!

Remercie moi ami-lecteur d'avoir (malgré moi) effectué cette plongée dans les tréfonds de la misère humaine à seul fin de t'édifier. Et je te prie de croire que, malheureusement, tout ce qui est relaté plus haut est rigoureusement authentique.

Bordel, qu'est-ce que j'ai foutu de mon Lexomil moi...

Nico.